Jean-François Guillet La Voix de l’Est – Le 21 mars 2019
Alors que se multiplie l’utilisation de services mobiles, de la webdiffusion, des réseaux sociaux et de l’interconnexion entre Internet et des objets, la demande de bande passante explose à l’échelle planétaire. Aeponyx a une solution pour contrer le ressac de cette cadence effrénée.
L’entreprise propose une technologie unique, développée en partenariat avec le centre de recherche en microélectronique de Bromont (C2MI), qui permet notamment de réduire de 75 % la consommation d’électricité des réseaux de télécommunication, tout en accroissant leur performance à coût moindre.
Philippe Babin a lancé Aeponyx en 2011. À l’origine, la compagnie offrait entre autres des solutions pour les réseaux de fibre optique. Les horizons de l’entreprise n’ont toutefois pas tardé à s’élargir.
« Au fur et à mesure que l’on évoluait dans notre créneau, on a constaté l’ampleur du problème dans les télécoms. […] Aujourd’hui, les centres de données consomment beaucoup d’énergie, soit environ 3 % de l’électricité mondiale. Dans 10 ans, ce sera majeur. […] Hydro-Québec ne sera même pas capable de répondre à la demande », a indiqué le président de l’entreprise montréalaise à La Voix de l’Est.
Une des pistes de solution s’est présentée en 2013. « Un peu par accident, on a rencontré deux chercheurs de l’UQAM qui combinaient deux technologies [de pointe] pour une application médicale. On a vite compris qu’il y avait d’autres débouchés », a fait valoir M. Babin.
Au fil des ans, les recherches se sont poursuivies de concert avec six établissements d’enseigne- ment supérieur : l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Université Laval, l’Université de Sherbrooke, McGill, l’École de technologie supérieure (ÉTS) et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
ADN unique
Grâce au jumelage de la photonique optique et des systèmes micro-électro-mécaniques, les MEMS pour les initiés, Aeponyx a développé des puces électroniques ultra-performantes et moins énergivores destinées à l’industrie de l’infonuagique. Selon Philippe Babin, les micro-commutateurs de pointe sont 100 fois plus rapides, coûtent 10 fois moins cher et sont plus compacts comparativement à ce que l’on retrouve actuellement sur le marché.
Il y a trois ans, Aeponyx s’est associée au C2MI pour le volet de l’industrialisation des produits. Une alliance qui s’est avérée incontournable pour atteindre ces caractéristiques inégalées.
« Le C2MI est unique. On a fait le tour de la planète avant d’arrêter notre choix. On est allés voir des fonderies [de MEMS] en Californie, en Suède et un peu partout pour constater que l’endroit idéal pour notre entreprise est à Bromont », a mentionné le président d’Aeponyx.
Commercialisation
Aeponyx travaille en partenariat avec Teledyne Dalsa en ce qui concerne la production et IBM pour l’emballage. L’entreprise, qui dispose d’une dizaine de brevets, est en ce moment à l’étape du prototypage. La production « à petite échelle » est prévue pour 2020 au sein du C2MI.
« À mesure que les volumes augmenteront, on va traverser chez Teledyne Dalsa et IBM. On les a choisis parce que ce sont des leaders dans leur domaine. […] On va livrer des boîtiers qui sont 100 % fabriqués à Bromont qui partiront vers les États-Unis et éventuellement partout à travers le globe. »
Aeponyx travaille également avec tous les grands équipementiers dans le domaine des télécommunications 5G. Les quatre principaux joueurs dans ce créneau sont Érikson, Nokia, Huawei et Samsung. Jusqu’ici, l’aide financière accordée à l’entreprise s’élève à environ 18 M $, provenant des deux paliers de gouvernement et du privé.
En ce moment, la compagnie emploie une vingtaine de personnes. Selon M. Babin, l’essor de l’entreprise devrait permettre de créer 130 emplois à Bromont d’ici quatre ans.