Par Yves Therrien
Le Soleil
(Québec) Si le gouvernement fédéral retenait le projet de supergrappe technologique déposée vendredi, l’Institut national d’optique (INO) et ses partenaires dans ce regroupement deviendraient un fer de lance international capable de propulser les entreprises du monde de la photonique, de l’électronique et de la robotique dans la révolution 4.0 de l’univers des objets connectés.
C’est ce qu’explique au Soleil Jean-Yves Roy, jusqu’à tout récemment pdg de l’INO et toujours membre du conseil d’administration de l’institut de recherche et de développement. «Nous sommes en mesure de créer rapidement des technologies de rupture capables de révolutionner l’industrie», affirme-t-il. «D’autant plus que nous sommes en mesure de marier l’optique, l’électronique et la robotique pour créer des capteurs à très faibles coûts pour n’importe quelle taille d’industrie et s’adressant tout autant aux spécialistes qu’aux entreprises orientées vers les biens de marché de la consommation.»
Les spécialistes et les analystes du secteur technologique s’entendent sur le fait que l’Internet des objets (Internet of things) ou l’univers des objets connectés sera la prochaine révolution industrielle planétaire. Une révolution qui est déjà en marche avec une foule de produits connectés, comme les véhicules Tesla utilisant la technologie des capteurs de Leddar Tech, une entreprise née à l’INO.
Ce n’est donc pas sans raison que l’INO veut se placer comme un joueur incontournable au Canada dans le domaine de la recherche de solutions appliquées.
D’ailleurs, le fédéral a prévu quelque 950 millions $ dans le dernier budget fédéral pour créer quelques supergrappes dans l’innovation. Les regroupements, comme celui l’INO, devait déposer leur lettre d’intention le 21 juillet incluant des avis d’intention pour le montage financier.
Appuis de 1,2 milliard $
Ottawa verserait entre 200 à 250 millions $ pour la création des supergrappes en exigeant que les promoteurs déposent un engagement financier égal à celui du fédéral. Pour sa part, le consortium formé par l’INO, le Consortium canadien de l’industrie photonique (CPIC) et l’innovation MiQro Centre collaboratif (C2MI), a inclus 160 lettres d’appui représentant un peu plus de 1,2 milliard $, soit cinq fois plus que le minimum demandé par le gouvernement fédéral.
«Ces appuis viennent de partout au Canada d’entreprises de toutes tailles, précise M. Roy. Elles veulent se positionner avec le consortium comme une force majeure dans l’innovation technologique pour accroître la compétitivité mondiale du Canada. Cela démontre aussi l’intérêt majeur des entreprises privées dans les supergrappes.»
Le projet piloté par l’INO vise à établir un groupement majeur dirigé par l’industrie dans le pôle Québec-Ottawa, haut lieu de la recherche et du développement en optique photonique et en électronique. Il combinerait les forces de nombreux laboratoires de recherches au pays dans des domaines de pointes
Rappelons que l’INO a généré beaucoup de jeunes pousses (spin off) en nouvelles technologies, en optique-photonique rayonnant partout dans le monde comme Optel et EXFO par exemple.
25 millions $ toujours attendus
Interrogé au sujet du 25 millions $ que l’INO attendait dans le dernier budget fédéral pour assurer son expansion au Canada, Jean-Yves Roy répond que l’aide du fédéral se fait toujours attendre alors que le gouvernement du Québec a déjà mis un montant identique sur la table. Les pourparlers sont toujours en cours et l’INO ne désespère pas encore, indique M. Roy.
Le projet de l’INO était d’étendre ses tentacules en Ontario et dans l’Ouest canadien, comme cela se fera avec un bureau régional à Montréal, de manière à faire profiter toutes les entreprises canadiennes des découvertes en optique, en électronique et en robotique pour leur donner un avantage concurrentiel sur le marché international. «Nous voulons nous installer rapidement en Ontario et ailleurs au Canada pour aider les entreprises à accélérer leur processus d’innovation avec des technologies performantes de haut niveau», insiste le pdg sortant de l’INO. Le nouveau pdg de l’INO, Marc Corriveau, est en poste depuis la mi-juin.
«Nous nous positionnons dans les domaines de création de richesse pour le futur», expliquait M. Roy au printemps. C’est pourquoi l’INO souhaite démarrer ses projets d’expansion rapidement avec l’appui financier du fédéral.
L’institut prévoit embaucher 110 nouveaux cerveaux d’ici 2020, alors qu’il compte présentement environ 190 employés.